Le sablier
J’ai toujours rêvé de retrouver l’odeur,
le parfum de la pipe de mon grand-père
que je humais lors du « noir quart d’heure »
qu’il s’octroyait dès la fermeture de la barrière.
Ça sentait le foin humide, la tourbe,
tandis que les flammes crépitaient dans l’âtre.
Après cette nouvelle journée de labeur lourde
le soir refermait sous la lune blanchâtre.
Le travail était dur à cette époque-là.
Mais l’équipe donnait à chacun du courage,
de l’allant, des certitudes, voire de la joie,
même si certains jours on n’en menait pas large.
Les repas étaient joyeux, y avait du bruit.
Le choix était réduit, mais on n’avait pas faim.
Les langues se déliaient pour les contes de midi.
Et j’écoutais, j’écoutais jusqu’à la fin.
Au coin du feu, on était bien tous ensemble.
Le calme régnait sur nos sages jeux d’enfants
et reste gravé que j’aille où bon me semble :
c’est un trésor que n’effacera jamais le temps.
Une fois il fut question que je reprenne la ferme
Pour perpétuer ces belles traditions,
mais à cause de tout ce que ça renferme
J’ai dû hélas renoncer à cette option.
Dès l’aube chaque jour c’était la traite
Puis les semis ou la récolte selon les saisons.
Toujours dehors, sauf quand soufflait la tempête.
Le plus beau moment c’était la moisson.
Une fois par an, on tuait le cochon
Ceux des environs venaient prêter main forte
Pour les travers, les pieds et les saucissons.
Y avait assez pour que tous en rapportent.
C’est là que je veux aller, sans parler de retour,
Sans dire que c’était mieux : c’était différent.
L’amour était simple, palpable, sans détour.
Je regrette de ne pas en avoir profité autant.
Peut-être suffirait-il d’un geste, d’une parole
Pour que nous reviennent ces belles années.
L’intelligence artificielle me souffle une idée folle :
peut-être suffirait-il de retourner le sablier ?
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