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Poème en prose
Yves Simon a rêvé New-York, j'ai rêvé Samarkand.
     Yves Simon a rêvé New-York et moi j'ai rêvé Samarkand,j'ai rêvé les Mille et Une Nuits devenues au fil du temps, au creux de mes songes, toute la magnificence de l'Orient.J'ai rêvé l'Orient objet de mes fantasmes, j'ai rêvé l'Orient peuplé de femmes langoureuses se faufilant tels les Efrits du désir entre les palais bleus, aussi bleus que leurs yeux avides de pénétrer les miens.
     J'ai rêvé Samarkand cité aux mille coupoles ou retentissent encore dans mon esprit orientalisé les cris des agonisants, des victimes expiatoires de Gengis Khan, j'ai rêvé Samarkand miroir du monde, jardin de l'âme, joyau de l'islam, oasis romantique parmi les oasis orientales.      Les caravansérails attendent toujours les caravanes venues de Mongolie, venues d'Asie chargées d'épices odorantes, de soieries chatoyantes et de toutes les richesses des contrées où se lève le soleil.     Je glisse entre les murs de mosaïques turquoises et je croise les filles de Shéhérazade évoluant sans bruit entre les fontaines dont l'eau a la même couleur saphir que leurs regards énigmatiques. Leurs sourires sybillins me révèlent qu'elles sont condamnées à vivre éternellement et qu'elles survivront à notre humanité courant vers son futur mais délaissant son passé.     J'ai rêvé l'Orient, j'ai rêvé Samarkand, j'ai rêvé les Mille et Une Nuits, j'ai rêvé les princesses orientales, j'ai rêvé une civilisation que vous les occidentaux des pays où le soleil se couche ne pouvez comprendre.     J'ai rêvé Samarkand et je marche sur les pas de Marco Polo ou des autres grands voyageurs qui m'ont précédé à travers les montagnes aux teintes mauves, à travers les déserts ocres, à travers les oasis florissantes et généreuses, à travers les torrents tumultueux, à travers les marchés aux senteurs inoubliables chargés de grenades pourpres, de raisins juteux et de melons au parfum entêtant.     J'ai rêvé Samarkand et ses minarets plongeant vers l'infini, grimpant à l'assaut des nuages, j'ai rêvé Samarkand fleur parmi les fleurs née des semailles d'un Tamerlan et qu'aucun Carl Von Linné n'a jamais su classifier.     De Boukhara à Erevan, de Samarkand à Ispahan, partout c'est le même air que je respire, un éther qui m'étourdit et où se mêlent tous les bouquets des nuits intemporelles de l'Orient.     J'ai rêvé Samarkand et ses gardes impassibles, le cimeterre à la main, veillant durant mille et une nuits sur mille et une mosquées.     J'ai rêvé Samarkand cité ensorcelante, cité des arts et des mausolées, cité des nécropoles surgie du fond des siècles entre montagnes et désert de Karakoum, j'ai rêvé Samarkand aux couleurs uniques qu'aucun peintre ne pourra jamais reproduire même avec la plus lumineuse et magique des palettes.     Vous les sœurs et les filles de Shéhérazade un halo scintillant vous entoure, un halo impalpable, un halo musical mais silencieux, un halo dans lequel moi pauvre mortel à la peau bien trop pâle j'ai envie de me fondre.Vos oeillades sont des invites à me blottir entre vos seins hospitaliers si doux et si tièdes mais je ne suis pas ce prince que vous attendiez venu des steppes d'Asie pour vous prendre dans ses bras puissants afin de vous offrir des étreintes enflammées pour des plaisirs partagés et licencieux.      Alors je vous en prie laissez-moi au moins rêver que je suis ce seigneur valeureux et bienheureux des plaines et des déserts arides.J'ai rêvé Samarkand, j'ai rêvé Afrasyab, j'ai rêvé le Timur, j'ai rêvé d'un lieu où l'histoire et les légendes sont inséparables.
Jean-Claude FISSOUN
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