Tu es partie, Françoise…
A toi qui dans la « fleur de peau » de ton enfance a souffert,
Fut ignorée de ta mère et dédaignée par ton père.
A toi pour qui l’âge ingrat et la vie amoureuse furent vécus en souffrance
Fruit de ton amour sincère et absolu face à l’absence.
A toi dont la dernière tranche de vie fut synonyme de maladie,
Cette sangsue qui une fois là ne lâche plus sa proie affaiblie.
Je veux dire aujourd’hui que tu as eu raison de faire tes valises
Et de partir pour un long voyage que tu entamas avec courage.
Tu as été très triste d’avoir tout tenté, mais raté la terre promise.
Il t’a fallu du cran pour sonder d’autres mystères et gérer ta rage.
Ta seule exigence d’avoir le choix de réserver ton billet retour
N’a pas été rencontrée malgré tous tes efforts déployés pour.
On t’a laissé seule avec ton mal et ta grande souffrance.
Et malgré toute cette peine, ou grâce à elle, tu chantes.
Ce fut ton refuge, ton antidépresseur, ton effet cathartique.
Ta voix à la fois sourde et cristalline réchauffera à jamais les cœurs.
Tes chansons c’est du vécu, du senti, de l’aimé, de l’humeur.
Elles apportent une douceur un peu amère : elles ont véridiques.
Des condoléances me paraissaient banales, voire déplacées.
C’est faux de croire que l’on peut ici « partager la douleur d’autrui ».
La tienne en l’occurrence qui fut absolue : elle t’a cassée.
Mais malgré tes angoisses nocturnes, a la chanson tu as dit « oui ».
C’est pour cela que je veux t’écrire cette lettre
Juste en empruntant tes propres mots.
Ton aura, je sais, va me le permettre.
Accueille-la simplement comme un écho.
Déçue en amour, tu as vécu l’amitié, symbolisée par une rose, car de celle de « tous les garçons et les filles de ton âge », tu te sentais rejetée. « Personne ne m’aime » murmurais-tu à nos oreilles…
Déjà dans la « maison où tu as grandi », c’était l’enfer. Tu te cachais dans un coin pour dire « je ne suis là pour personne ». Ton « message personnel » a vite été une amère constatation : « Ma jeunesse fout le camp. Ceux avec qui tu te sentais bien c’étaient : « ceux qui ont du chagrin ». Et tu insistes : « je n’attends plus personne ». Pourtant, ce n’est pas de n’y avoir pas cru : « j’aurais voulu… », « c’est à l’amour auquel je pense », « il est tout pour moi », « on se plaît », « je suis d’accord », « viens là »… Puis, très vite, le désarroi s’installe : « je veux qu’il revienne », « pourtant il m’aime », « ça a raté », pour se muter en résignation : « à quoi ça sert », « j’ai jeté mon cœur », « partir quand même », « comment te dire adieu ? »
Oui, la question demeure chère Françoise : comment te dire adieu ? La réponse, c'est… de ne pas le dire. On ne te dit pas « adieu ! ». On veut que tu restes. Même si tu es « partie », tu restes vivante à travers tes chansons. La clarté de ton âme brillera à jamais.
Et puisque tu pars en voyage :
Puisque nous nous quittons ce soir
Mon cœur fait son apprentissage
Je veux sourire avec courage
Vous avez posé vos bagages
Marche avant, côté du couloir
Et pour les grands signaux d'usage
J'ai préparé mon grand mouchoir
Dans un instant le train démarre
Je resterai seul sur le quai Et vous me verrez dans la gare
Me dire adieu là-bas avec votre bouquet
PS : j’ai dit à la colombe de monter très haut…
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