Est-ce que ce monde est sérieux ?
L’homme souffre désormais d’une hémorragie de sens : Il a perdu jusqu’à son souvenir de hutte Qui l’abritait de l’hostile dès sa naissance. Il a généré, à sa place, un monde de brutes.
Finis l’espace, l’air, la paix, la sécurité. Bonjour la lutte, pour soi, pour la meilleure place. Le béton est roi, l’avoir a droit de cité. L’autre est honni, tu meurs si tu n’es pas pugnace.
Derrière son volant, le seigneur règne en maître. Faire vrombir son moteur et faire un doigt d’honneur à qui ose lui barrer la route, c’est son bien-être, Avec en prime une injure et un rictus moqueur.
Un coup de feu claque. Puis un deuxième. Un jeune tombe, mort. Le territoire, c’est sacré pour les passes illicites. La jungle est instaurée : il faut montrer son passeport Dans ce dédale d’immeubles, tenu par un bouledogue.
Le refuge illusoire bouillonne dans les réseaux sociaux Là où le moi se livre, s’expose et se met à nu. Les likes s’accumulent. La vedette s’entoure d’un halo. Vite répondre, donner son avis pour ne pas être exclu.
Sur les lieux du tournage, c’est pas non plus tout rose. L’honneur des femmes est bafoué et foulé aux pieds, Et les maîtres du spectacle pratiquent l’overdose, Qui en fait, pour certains, de piètres suicidés.
La race se réveille et les frontières réexcluent. Les fous de Mahomet, de Jésus, de Yahvé Supplantent tout respect et gomment toute retenue. Réveillons la vengeance ! Dehors l’étranger !
Les églises se vident, car elles sentent mauvais. Les prélats prédicateurs sont devenus prédateurs. Malades ? Oui, sans doute. Pardonnés ? Non, ça jamais. Les victimes n’ont qu’à aller voir leur docteur.
Les classes se surpeuplent de toutes nationalités Différentes, qui viennent de cultures si lointaines Que les enseignants s’en vont, perdus, hébétés. Ce n’est pas pour cela qu’ils voulaient se donner la peine.
Sur ce temps, la planète a mal. Elle pleure. Le monde vacille. Ses créatures ne l’entendent pas. On a monté le son, encore et encore. Malheur. Ici la terre a soif. Les cours d’eaux débordent là-bas.
L’empreinte carbone ou le réchauffement climatique. L’avancée des déserts ou la montée du niveau des mers. Le règne du plastique ou la pollution atmosphérique. Les alertes sont multiples. On n’en a rien à faire.
Mais Dieu l’a prévu. Dans son projet, il y pensa. Pour racheter nos fautes et retrouver le bonheur, L’intelligence artificielle est déjà là ! Elle va tout résoudre, plus besoin de travailleurs.
Voilà l’idée de génie : puisque l’homme a foiré La machine qu’il a inventée sera la solution. L’existence en sera bousculée et facilitée. Il suffira juste d’appuyer sur un bouton.
La réflexion, le bon sens, l’innocence Seront bannis du Nouveau Monde qui clôt le Vieux. À cet « autosystème », nous ferons aveugle confiance. Mais comme c’est pour un mieux garanti, c’est tant mieux.
Face à ce constat, la « Corrida » c’est bien peu de chose, Car les inconditionnels adeptes sont restés nombreux. Mais frappera toujours à nos oreilles mi-closes La seule question qui reste : « Est-ce que ce monde est sérieux ? »
Merci de laisser un commentaire !
1000 caractères restants
Copyright © 2006 / 2024 Vos poèmes (partage de poèmes) — Tous droits réservés
Plan du site Créé et géré par : Thierry M. (Isidore)
Information légale - Politique de cookies