L’emprise
Elle avait de chouettes copines, gaies et complices.
Le samedi elles sortaient au bistrot l’Impérial.
Après un MacDo savouré avec délices,
elles se faisaient une toile, rien de plus banal…
Elle avait parfois mal au crâne : sa tête bouillait.
Les douleurs étaient intenses, un combat sans égal
Comme petite, elle voulait sa mère à son chevet.
Faut dire que de telles migraines, ce n’est pas banal…
Elle avait un boulot, bien cotée dans une boîte.
Secrétaire parfaite du directeur général.
Toujours bien mise, talons hauts, jupe noirs étroite.
Elle aimait son métier, rien de plus banal…
Elle s’absentait de manière inattendue
De son boulot ou du centre commercial
où un rendez-vous entre amis était prévu.
Ces absences inexpliquées, ce n’est pas banal…
Elle était du genre discrète sur sa vie privée.
Mariée, elle parlait peu de sa vie familiale.
Tout le monde a ses secrets parfois bien gardés.
Elle n’étalait pas sa vie, rien de plus banal…
Dans ses pensées, elle était souvent ailleurs.
Dans ces paroles, se glissait parfois un blanc.
Ses yeux étaient tristes, son visage teint de pâleur.
Tant de petits pointillés, ce n’est pas banal…
En vacances, à la mer, pour elle pas de maillot.
Pudique, elle préférait l’air pur au littoral.
Les plaisirs de la plage, bronzage et pédalos
Ne l’avaient jamais tentée, rien de plus banal
C’est vrai qu’une fois, aux toilettes des dames,
sur un bras dont elle avait relevé le chandail,
il y avait un bleu. Un signe, une alarme ?
Mais tout le monde peut tomber, rien de plus banal…
Des cris, des bris de verre, des coups encore qui pleuvent.
Elle qui tombe. Du sang qui gicle. Lui qui cogne.
Les enfants qui hurlent et se cachent où ils peuvent.
Elle n’avait jamais dit qu’il était ivrogne.
De honte, elle l’avait caché à son entourage.
Personne sans le vivre ne sait ce qu’est l’emprise.
Ce monstre qui vient de l’enfer pour cracher sa rage
et vous laisse perdue, à la merci de ses crises.
Les secours alertés arrivèrent bien trop tard.
Elle ne souffre plus. Elle est morte à l’hôpital.
Sur un billet, elle a laissé un cri d’espoir :
« porter la main sur vous, ce n’est jamais banal… »
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