Le banc
Absorbée dans sa lecture, au soleil, sur un banc,
ignorant les cris des enfants et de leurs jeux,
même quand le ballon lancé n’importe comment
aboutit à ses pieds, ratant sa tête de peu.
Je t’observais discrètement, alors que je me promenais
une de ces après-midi chaudes et flamboyantes
que nous offre généreusement le soleil de juillet,
en cette journée un peu sombre, vu ma santé défaillante.
Le moral n’était ce jour-là pas au rendez-vous,
sans raison, si ce n’est que, du fond de mon âme,
remontent à la surface et à la gorge se nouent,
des bleus qui sont là au fond et qui sonnent l’alarme.
En fait, une angoisse me ronge depuis un certain temps :
un mal physique obscurcit quelque peu mon quotidien.
Je feins de l’ignorer et je repousse le moment
où il faudra que je m’oblige à consulter mon médecin.
Cette vision fortuite me fit aussi sur un banc m’asseoir.
Ce frais visage m’apportait réellement de la joie,
la vraie, l’intense, qui avec le plaisir n’a rien à voir.
Une paix lénifiante s’était emparée de moi.
Toutes sortes de pensées et de questions m’envahirent.
De toi, je voulais savoir tout à coup un peu plus.
Quel était ton nom ? Que lisais-tu qui te faisait sourire ?
Étais-tu seule dans la vie ? Dans le coin, habitais-tu ?
Venais-tu là souvent ou était-ce la première fois ?
Quelle était la raison du fait que je t’avais aperçue ?
Comment faire pour que ce ne soit pas la dernière fois ?
Hélas, je devais me contenter de ce qui s’offrait à ma vue.
Je chérissais cet instant, souhaitant qu’il fût pérenne
tant il m’apportait apaisement et douceur.
C’est en tout cas la première chose dont je me souvienne
après m’être réveillé alité et en moiteur.
La chambre était claire. J’étais seul. J’avais mal.
Serais-je à l’hôpital, pensais-je tout interloqué ?
La porte s’ouvrit. Le frais visage réapparut.
« Je suis le Docteur Lavagne. C’est moi qui vais vous opérer ».
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