Je suis la main qui cueille une autre marguerite,
Le frisson de l'automne et de l'effeuillaison,
Des pétales tombés sous le toit qui m'abrite
L'être enseveli dans sa funeste maison.
Terre cent fois meurtrie et si chère à mon rêve,
Maintes fois interdite au même maraudeur,
Aux essences d'amour je suis le nez qui crève
D'envie inassouvie de sentir son odeur.
J'ai froid. Tant ! Que je tremble... Équilibré sur l'axe
De pucelles amours, d'actes bien affranchis.
O belle adolescente ! O comme elle malaxe
Le chaume de nos cœurs dans le même torchis !
O femme ! Devenue : Unique. La dernière.
L'ultime acte d'amour. Mon Mot Bannie évanoui
Se réveille parfois seul dans sa garçonnière
Comme un pêché de chair, de poussière et d'ennui.
Dans le mouchoir je suis l’œil du borgne qui pleure
Sa moitié disparue... Et dans l’œil du poisson,
Entre des jambes d'homme, accroché comme un leurre,
Un Mot Bannie qui vivote au bout de l'hameçon.
Mes pleurs au fil de l'heure, entre Meurthe-et-Moselle,
Transforment la rigole en mare... Puis ruisseau...
Et mon cœur dans le bec du vieux moineau sans elle
Me nourrit de chagrin dans le nid du roseau.
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